Réalisation : Jean-Robert Viallet, Catherine Le Gall
Comptant parmi les géants mondiaux du pétrole et du gaz aux côtés d’ExxonMobil, BP, Chevron, Shell, Eni et ConocoPhillips, le groupe Total a récemment fait sa mue. Présente dans cent trente pays, la multinationale aux mille filiales, dont le siège social français se situe à La Défense, est devenue en 2021 TotalEnergies. À grand renfort de communication, elle assure de son engagement sociétal, de sa prise en compte des droits humains et de sa conscience aiguë de la crise climatique qui nous menace. Tenue de fournir une énergie abondante et bon marché à ses clients, de réaliser des profits pour rémunérer ses actionnaires et financer ses investissements, mais aussi de répondre à l’urgence climatique, la major coche-t-elle toutes les cases ? Alors que les énergies dites "propres" (éolien, solaire…) représentent encore moins de 0,5 % de sa production, TotalEnergies fait-elle à bon compte du greenwashing ? La firme peut-elle devenir un acteur crédible de la transition énergétique ?
Donnant la parole à son PDG Patrick Pouyanné, à des ingénieurs de la compagnie ainsi qu’à des scientifiques et des experts de la société civile, parmi lesquels le philosophe Alain Deneault, Jean-Robert Viallet (L’homme a mangé la Terre) et la journaliste Catherine Le Gall interrogent la mutation historique de la major du pétrole en productrice "multi-énergies" : pétrole et biocarburants, gaz, électricité, énergies solaire et éolienne... Menée sur trois continents, leur enquête part aussi à la rencontre d’hommes et de femmes mobilisés contre la firme au nom des droits humains et de la protection de l’environnement. Dans la région des Grands Lacs, en Afrique centrale, le plus long pipeline chauffé au monde acheminera le pétrole extrait pour partie dans le parc national Murchison Falls, en Ouganda, jusqu'à l'océan Indien, en Tanzanie – avec à la clé des expropriations massives de paysans. Au Texas, dans la petite ville d’Arlington, l’implantation d’une trentaine de puits de fracturation hydraulique pour extraire le gaz de schiste – certains à proximité d’établissements pour la petite enfance – suscite également l’inquiétude des riverains. Très documenté, ce film met en lumière des projets qui contredisent les bonnes intentions affichées.